Éric, pourriez-vous nous parler de l'inspiration derrière 'Le Mur des Enfants' et comment cette idée a pris forme à la galerie Artistic Red Dot ?
À l’origine, cette belle idée m’a été soufflée par l’artiste Marie Morel :
un mur d’œuvres de petits formats, créées par de grands artistes, et dédié uniquement aux enfants !
Des œuvres modestes par la taille, mais immenses par l’émotion.
Après un petit sondage auprès des artistes de la galerie, l’enthousiasme a été immédiat : tous ont répondu présent.
Il ne restait plus qu’à donner vie au projet.
Comment avez-vous sélectionné les 17 artistes participants pour créer des œuvres adaptées à une expérience immersive dédiée aux enfants ?
La véritable difficulté ? N’en avoir “que” 17 ! 😉
Pour certains sculpteurs, l’exercice s’est révélé plus complexe, parfois même impossible à réaliser.
Nous avons réuni un bel éventail d’œuvres : gravures, dessins, encres… et quelques petites sculptures.
J’avais demandé aux artistes de ne pas créer des œuvres “pour enfants”, mais de proposer de véritables œuvres, simplement petites par leur format — pas par leur ambition.
Au final, plus de 100 œuvres ont été reçues… j’espère que cela suffira !
En tant que galeriste, quels sont les défis et les opportunités que vous avez rencontrés en intégrant les enfants en tant que collectionneurs d'art avec 'Le Mur des Enfants' ?
Accueillir des enfants au sein d’une galerie est un véritable défi pour un galeriste.
Cela demande une organisation attentive, afin que chaque enfant puisse vivre une expérience unique, sensible… et inoubliable.
Pendant que les plus jeunes découvrent la salle spécialement conçue pour eux — le Mur des Enfants —, les parents peuvent librement explorer les autres espaces d’exposition de la galerie.
À noter d’ailleurs que plusieurs artistes présents dans cette salle dédiée exposent également dans les salles “classiques” de la galerie.
Pouvez-vous expliquer comment le mécanisme de doublement du montant des acquisitions pour une association fonctionne et pourquoi cela tient une place importante dans votre projet ?
Nous demandons aux enfants qui souhaitent acquérir une œuvre… de l’acheter.
Le prix peut sembler symbolique — entre 5 et 50 € — mais il ne l’est pas pour un enfant. Et c’est justement cela qui compte : que l’enfant prenne conscience de la valeur d’une œuvre, du geste artistique, et de ce que représente le fait de l’acquérir.
Mon métier de galeriste consiste à défendre le travail des artistes, à leur permettre de vivre de leur création, en valorisant et en diffusant leurs œuvres.
Les artistes ont choisi d’offrir leurs œuvres pour cette initiative.
En tant que défenseur de leur travail, je tenais moi aussi à m’engager : j’ai décidé d’abonder la somme collectée auprès des enfants, et de reverser l’ensemble à une association œuvrant pour les enfants et la culture.
Quel impact espérez-vous qu'une telle expérience immersive ait sur le développement du langage esthétique personnel des enfants et leur connexion à l'art ?
Je vais peut-être vous surprendre, mais… je n’ai rien imaginé du tout !
Et ce n’est pas vraiment dans mes habitudes !
Mais je suis convaincu que ce qui se passera dans la salle dédiée aux enfants sera, justement, imprévu : émouvant, spontané, vivant.
C’est cela qui m’intéresse.
Alors, je vous propose qu’on en reparle le 25 mai au soir — et cette fois, ce seront les enfants eux-mêmes qui auront écrit la plus belle des réponses.
Comment percevez-vous le rôle des enfants dans le marché de l'art actuel et pensez-vous que des initiatives comme 'Le Mur des Enfants' puissent redéfinir leur place ?
Les enfants ne sont pas — et ne doivent pas devenir — des acteurs du marché de l’art.
Le Mur des Enfants n’a d’autre ambition que celle-ci : provoquer une rencontre, simple et sensible, entre un enfant et une œuvre d’art contemporaine, pensée pour lui — petite par la taille, mais grande par l’intention.
Nous ne cherchons pas à faire naître de futurs collectionneurs.
Nous souhaitons simplement offrir à chaque enfant un moment unique, un premier lien avec l’art, libre, joyeux et mémorable.
Quelle importance accordez-vous à l'accessibilité de l'art pour les jeunes collectionneurs, et comment cette expérience à hauteur d’enfants s'inscrit-elle dans cette perspective ?
Dans les musées, on demande aux enfants de ne pas toucher les œuvres. Dans les galeries, on attend d’eux qu’ils regardent sans trop s’attarder. L’art a toujours appartenu aux adultes, reléguant les enfants au rôle de spectateurs sages et silencieux.
Mais que se passerait-il si, pour une fois, on leur donnait le premier rôle ? Si l’on osait leur confier la liberté de choisir, de ressentir, d’acquérir une œuvre d’art ?
Le Mur des enfants, est j'espère, une réponse a votre question.
Pour plus d'informations : https://www.the-artistic-red-dot.art/